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Entretien avec Nicolas Demoury, Président du Conseil de surveillance

Mercredi 16 décembre 2020, 12:00

Quel regard portez-vous sur les résultats de VIVESCIA Industries pour l’exercice 2019-2020 ?

L’année a été chargée et clairement perturbée par la crise sanitaire. Au 1er février, les résultats cumulés étaient supérieurs aux budgets validés, attestant de la reconstruction et du redémarrage des activités sur des bases très saines. La crise sanitaire est à l’origine d’un manque à gagner significatif lié à nos activités BVP et malt sur la restauration hors foyer. S’y ajoutent des provisions importantes pour dépréciations d’actifs qui ont dû être passées pour refléter la réalité des marchés. Il n’en reste pas moins que les métiers pour lesquels des efforts considérables ont été réalisés vont mieux : c’est particulièrement vrai pour Délifrance. Malteurop a souffert de la crise et les Grands Moulins de Paris ont bien résisté. ARD, Nealia et Kalizea enregistrent pour leur part de belles performances. Il faut s’en féliciter.

D’autres points positifs à retenir ?

Oui. La dette de VIVESCIA Industries reste contenue. Et autre excellente nouvelle : le refinancement a été conclu pour cinq années, avec une confiance renouvelée de l’ensemble de nos partenaires banquiers, mais aussi de nos partenaires coopérateurs. Les investissements nécessaires et majeurs de modernisation et de productivité pour nos entreprises vont se déployer progressivement, au rythme de l’évolution de la sortie de crise. C’est important car pour être là demain, il faut que notre outil soit performant et compétitif en sortie de crise. Il y a quelques années, nous avions une ambition de croissance, nous avons à présent une ambition de performance et d’efficience.

Quels ont été les grands chantiers du Conseil de surveillance ? Et pour le Comité d’audit ?

Les résultats très décevants de l’exercice précédent nous ont conduits, dès septembre 2019, à être plus exigeants en interne, à renforcer nos modalités de contrôle, à approfondir la connaissance des métiers et de leurs marchés. L’arrivée de nouvelles équipes dirigeantes et le soutien du cabinet Kearney nous ont aidés à regarder notre activité BVP d’un œil neuf. Tout au long de l’année, nous avons travaillé à un rythme soutenu : suivi de la gestion des comptes, suspension de la plateforme d’échange en avril 2020 en raison de la crise sanitaire mondiale, validation du refinancement et préparation de l’assemblée générale extraordinaire pour les ajustements techniques nécessaires dans le cadre de cette opération en juin. Bien sûr, le Conseil de surveillance a aussi suivi de très près l’évolution de la crise exceptionnelle : il s’est réuni près de 9 fois au 1er semestre 2020. Point remarquable que je veux ici souligner : dès le 15 avril, les perspectives d’atterrissage entre 85 et 90 M € au 30 juin retenues par la gérance se sont révélées fiables après la tourmente du confinement entre mi-mars et mi-mai. Les processus revisités de remontée d’informations ont fonctionné. C’est le signe que les entreprises sont lucides et que VIVESCIA Industries est sous contrôle.

Le Comité d’audit a poursuivi, quant à lui, ses activités traditionnelles. Et il a commencé à travailler avec l’équipe du contrôle interne qui a été nouvellement constituée pour l’accompagner, notamment dans la vérification des procédures de reporting. Un effort particulier a aussi été porté sur l’évaluation rigoureuse des dépréciations d’actifs.

*CLOVIS : holding regroupant les coopératives SCARA, Coopérative agricole de Lorraine, LORCA et Valfrance
**Efigrain-Sézanne, Limagrain, 110 Bourgogne, Noriap, Esternay, Juniville, Interval, La Champagne Coligny, Beton-Bazoches, Epilor, chambre d’agriculture de la Marne.

 

La plateforme d’échange pour les actions a été reportée et la valeur de référence de l’action de VIVESCIA Industries semble avoir touché un point bas… Qu’en est-il de la politique de dividendes ?

Les résultats en forte baisse de l’exercice 2019-2020 ont limité notre capacité à réduire notre dette, et les perspectives futures révisées ont réduit la valeur intrinsèque de l’entreprise. Avant la crise, on pouvait imaginer un rebond significatif de la valeur de l’action compte tenu des résultats déjà engrangés. Mais les impacts de la crise sur cet exercice ont limité la réduction de notre endettement, et nos prévisions d’activités actuelles et futures ont été affectées. La plateforme d’échange a été reportée car au 15 avril 2020, le contexte empêchait toute vision sereine des perspectives. La valeur de l’action, c’est comme un altimètre : en montagne, il mesure les montées et les descentes. Mais en saut à l’élastique, ça ne dit plus rien. à mi-avril, c’était le cas. Malgré une incertitude sur l’évolution des perspectives, il a été possible de déterminer cet automne une valeur de référence de l’action, mécaniquement en fort retrait, permettant d’ouvrir ainsi la plateforme d’échange.

Pour conforter la solidité financière de VIVESCIA Industries, le versement de dividendes est suspendu et les profits futurs seront capitalisés dans les fonds propres, aussi longtemps que nécessaire.

Selon vous, VIVESCIA Industries peut-il sortir renforcé de l’épreuve Covid-19 ?

VIVESCIA Industries sortira renforcé ! Renforcé parce que cette crise a suscité un mouvement sur le terrain, mobilisé les équipes et redonné de la fierté dans l’utilité de nos métiers alimentaires. Renforcé aussi parce que le nouveau regard que nous portons sur nos activités, les analyses précises et documentées conduites dans le cadre des revues stratégiques nous ont fait progresser en performance et en qualité. Renforcé enfin, parce que les entreprises et les équipes sont en action pour continuer d’améliorer notre efficacité opérationnelle, industrielle et commerciale, indépendamment des effets Covid, quand tous les efforts déjà faits – et ceux qui restent à conduire – auront abouti, je ne doute pas des capacités d’attractivité de VIVESCIA Industries pour ses collaborateurs, ses clients, ses partenaires financiers. Nous en avons déjà la preuve avec l’opération de refinancement qui a été un succès cette année.

Le projet reste-t-il créateur de valeur ? Quelles sont les perspectives de demain ?

La crise sanitaire de cette année ainsi que son ampleur étaient absolument imprévisibles. De très nombreuses entreprises – à commencer par nos concurrents – affichent elles aussi des résultats fortement dégradés. C’est
une année de relance, nous avons gagné en lucidité sur nos activités, en maturité sur la prise en compte de notre environnement concurrentiel. Nous avons prouvé cette année que le mouvement coopératif est capable de se réformer, d’agir vite s’il le faut. Les transformations sont en route. C’est là l’important. VIVESCIA Industries reste un projet ouvert et attractif : il ne s’exprime plus par sa croissance rapide, mais par son efficacité opérationnelle : c’est la priorité d’aujourd’hui.

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